Biographie

Originaire de l’Uruguay, Lula Carballo détient une maîtrise en création littéraire de l’Université du Québec à Montréal. Son roman Créatures du hasard est paru aux éditions Le Cheval d’août en 2018. Ensemble nous voyageons, album jeunesse co-écrit avec Catherine-Anne Laranjo et illustré par l’artiste Kesso, a été publié aux Éditions Dent-de-Lion à l'automne 2021. On retrouve ses poèmes et ses traductions dans différentes revues spécialisées.

Entrevue

Lisiez-vous de la poésie quand vous étiez à l'école ? Y a-t-il un poème en particulier dont vous vous souvenez ?

Le centre de la petite enfance auquel j’allais, dès l’âge de 2 ans, en Uruguay, portait le nom de Gabriela Mistral, première poète chilienne à avoir remporté le Prix Nobel de littérature. On comprendra donc que la poésie a été omniprésente dans ma vie dès un très jeune âge. À l’école, on nous encourageait à apprendre des poèmes par cœur et à les réciter en groupe. Je n’avais pas beaucoup de livres chez moi, mais la littérature a toujours fait partie de ma vie de manière naturelle, organique, telle une célébration de la parole libre et créative.

Je me souviendrai toujours d’un poème de Juana de Ibarbourou, poète uruguayenne, dont ma professeure de troisième année nous avait demandé d’acheter le recueil El cantaro fresco afin d’enregistrer des poèmes sur des radiocassettes. J’avais appris un poème qui parlait d’un papillon qui survolait la fenêtre de l’autrice. Ma mère a écrit une recette de gnocchis sur la quatrième de couverture du livre. Elle a, en quelque sorte, désacralisé l’acte poétique de cette grande écrivaine, mais je n’ai jamais oublié le poème. Je pourrais même vous le réciter…

Quand avez-vous commencé à écrire de la poésie ? Et quand avez-vous commencé à vous considérer poète ?

J’ai commencé à écrire de la poésie vers l'âge de quatorze ans. Je savais que je quitterais mon pays de manière imminente et je cherchais la forme d’expression la plus évocatrice afin d’exprimer le tourbillon d’émotions qui m’habitait à l’époque. Mais il faut dire que mes premières tentatives étaient très lyriques, je lisais surtout la poésie de Neruda, de Delmira Agustini, et de Gustavo Adolfo Becquer. Sans même avoir connu l’amour romantique, j’étais capable d’investir des sentiments qui évoquaient une grande nostalgie. On imite toujours les personnes qu’on admire lorsqu’on commence à écrire. Avec le temps, j’ai trouvé plus de résonnances dans les voix de Mario Benedetti et d’Eduardo Galeano, deux poètes uruguayens qui ont marqué l’histoire de la littérature hispano-américaine grâce à leur engagement social, à la limpidité de leur écriture et à l’universalité de leurs textes.

Je ne sais pas si j’oserai un jour me considérer poète, mais je crois que, si on définit les poètes comme étant des personnes sensibles et capables de communiquer avec des mots qui se rapprochent des sens, des images, de l’illusion, de la liberté, alors là je pourrais dire que j’ai toujours été poète. Puisque je sens que je ne concorde presque jamais avec le schéma interrelationnel des personnes qui m’entourent. Je sens que je parle et que je vis à côté des êtres et des choses. Et c’est peut-être ça, être poète.

 

Comment voyez-vous le « travail » des poètes ?

Je le vois comme étant un exercice d’attention soutenue et profonde. Le poète retranscrit ce que les personnes trop pressées ne sont plus capables de voir ni de ressentir. Voilà un travail à temps plein. Voilà un exercice précieux. J’espère qu’on ne se tannera jamais de la poésie.

Si vous avez un poème dans notre anthologie, qu’est-ce qui vous a inspiré lors de son écriture ?

Le poème faisant partie de l'anthologie, tiré de mon livre Créatures du hasard, a été inspiré par la mort d’une artiste qui a marqué l’histoire de mon pays. Rosa Luna était danseuse de candombé, un rythme musical d’origine africaine qui constitue les origines du carnaval uruguayen. Elle a été une icône, un référent culturel, une femme extraordinaire. Ma grand-mère maternelle m’a fait assister à ses funérailles et je n’ai jamais oublié l’hommage que tous les citoyens ont rendu à cette grande artiste. 

Si vous deviez choisir un poème à mémoriser dans notre anthologie, lequel serait-ce ?

« Je me réveille » de Patrice Desbiens, car le poète travaille avec un langage en apparence simple, mais son engagement littéraire et créatif est total. Je l’admire depuis longtemps, il m’inspire, il m’aide à écrire. Il me montre la manière de faire. Ses poèmes l’animent, il n’a pas besoin de quitter sa maison rose pour évoquer la magie, il la porte en lui.

Publications

Titre
Créatures du hasard
Maison d'édition
Le Cheval d'août
Date
2018
Type de publication
Recueil
Titre
Ensemble nous voyageons
Maison d'édition
Éditions Dent-de-Lion
Date
2021
Type de publication
Recueil
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